Roumanie,  Suivi de voyage

Roumanie (1) : Bucarest

Après quitté la Bulgarie (voir notre article sur la Bulgarie), nous sommes entrés en Roumanie par le Pont de l’Amitié qui traverse le Danube, au milieu duquel se trouve la frontière.

La frontière se franchit rapidement, puisque là encore il s’agit d’un pays faisant partie de l’UE.

Attention cependant ⚠️ : il existe un vignette à acheter obligatoirement pour avoir le droit de rouler sur les routes roumaines. Il est possible de l’acheter sur internet (site Roviniete) à l’avance en choisissant sa durée de séjour. Il est également possible de l’acheter à la frontière dans un guichet. Il y a des caméras sur les routes qui surveillent les plaques d’immatriculation et si vous n’avez pas acheté la vignette, vous serez verbalisé, soit en étant arrêté un peu plus loin, soit à la frontière en sortant, soit par courrier. Heureusement, la vignette n’est pas trop chère : 16 Ron (environ 3.40 €) pour 10 jours.

⚠️La monnaie n’est pas l’euro ici non plus, mais le « leu » (lei au pluriel ou Ron comme unité internationale). Il est donc nécessaire de retirer de l’argent liquide, surtout pour les achats en campagne.

Nous nous sommes rendus directement à Bucharest, la capitale de la Roumanie . Donc nous avons attendu d’y être pour retirer de l’argent. Attention il existe de grandes différences de frais bancaires selon les banques dans lesquelles vous retirez votre argent et il est judicieux de comparer avant de valider son retrait. Pour exemple, pour un retrait de 100 euros, les frais bancaires variaient pour nous entre 3 et 15 euros! Ça vaut le coup de marcher quelques rues et faire quelques banques avant de retirer son argent😜. Nous n’avons pas trouvé de banque qui n’applique pas de frais.


Bucarest

Comme jusqu’à présent, nous allons vous relater essentiellement ce qui nous a intéressé, marqué, ou plu. Il s’agit donc de NOTRE regard sur la ville.😉

Il n’est pas possible à nos yeux d’apprécier cette ville sans s’intéresser à son histoire . La ville est marquée architecturalement par son passé, et principalement par son passé proche de la période communiste dictatoriale.

Nous avons été fascinés par cette histoire passée mais si proche. « Fascinés » non pas au sens de émerveillés, mais plutôt au sens de estomaqués, hallucinés, sidérés. Le mot exact est difficile à trouver.

Nous avons été particulièrement sensible à cette histoire récente parce que nous avons pris conscience que les gens de notre âge ont grandi pendant cette période terrible de la dictature, et qu’ils ont passé leurs enfance et adolescence dans cette ambiance d’obéissance, de privations et de répression. Ils ont été endoctrinés depuis leur plus jeune âge, pendant que, de notre coté, nous grandissions en toute liberté et développions notre esprit critique. Nous avons le même âge mais un bagage tellement différent !😔

Parlons donc de cette Histoire

L’histoire de la Roumanie est complexe et ses frontières ont changé de nombreuses fois. Nous avons eu du mal à suivre d’ailleurs!😂 Mais ce qui nous a intéressé et marqué c’est, on l’a dit, son histoire au XXème siècle, avec la domination russe après la 2d guerre mondiale, l’installation du communisme, et ensuite la prise de pouvoir du dictateur communiste Nicolae Ceausescu en 1967.

Nous avons découvert l’ampleur de sa folie, de sa mégalomanie, et de son absence totale d’empathie pour la population, malgré des idées communistes qui prônent normalement le « pareil pour tous ».

😱Nous avons été effrayés par les ressemblances avec certains hommes politiques et puissants actuels.🥺. La même question revient toujours : pourquoi enseigner l’histoire si c’est pour reproduire les erreurs du passé ???🤔🙃

Nous avons participé ici encore à une visite guidée, la « Bucharest free tour » (qui est plutôt libre de don que complètement gratuite😜). Ca vaut vraiment le coup de faire l’effort de suivre en anglais, les guides sont passionnés par l’histoire de leur ville et transmettent plein d’infos !😇

Nous avons également visité le musée du communisme, et le palais du parlement construit sous Ceausescu. Nous avons été choqués par ce que nous avons découvert.

Pour comprendre la ville, ses bâtiments et son architecture, il faut connaître son histoire, nous commençons donc par vous parler de ce que nous avons appris, notamment au :

Musée du communisme et la vie sous Ceausescu 😱😭

Ce musée nous présente l’arrivée du communisme en Roumanie, la prise de pouvoir par Nicolae Ceausescu et la vie sous sa dictature.

Un peu en vrac, ce que nous avons retenu de la vie sous son régime, ce qui nous a marqué :

  • Tout d’abord, on parle souvent de Nicolae Ceausescu mais il ne faut pas oublier sa femme, Elena Ceausescu. Celle-ci a eu une influence très importante (et pas dans le bon sens) dans les décisions de son mari et dans l’histoire de la Roumanie. Le couple se complétait très bien dans l’horreur.
  • Du jour au lendemain, parfois même en quelques heures, les gens ont dû quitter leur maison ou appartement pour aller habiter dans un logement attribué par le régime (dans les immeubles collectifs) en fonction de leurs besoins (nombre de personne dans la famille, lieu de travail, etc.). Autrement dit les gens ont été obligés d’abandonner leurs biens (maison et son contenu) pour déménager là où on les obligeait d’aller, sans avoir le droit de dire quoi que ce soit. Et tant pis si ils avaient bossé comme des fous pour se payer leur belle maison et qu’ils aimaient leur jardin…
Le parti re numérotait les maisons après réquisition (nouveau numéro commençant par IAI…)
  • Les gens étaient rationnés pour tout, y compris la nourriture. Il était prévu 2700 calories max par personne et par jour. Donc les gens recevaient des bons alimentaires leur permettant d’acheter la quantité max de nourriture pour la famille. Impossible d’acheter plus, même si on avait l’argent nécessaire.
  • Les religions n’étaient pas approuvées. Beaucoup d’églises, temples, etc. ont été détruits.
  • Ceausescu endettait tellement le pays qu’il préférait revendre l’énergie et laisser mourir sa population. Par exemple, le chauffage était règlementé : en hiver, maximum 14 degrés autorisés dans les logements ! 🥶
  • Pour acheter une voiture il fallait demander l’autorisation au parti, on était mis sur liste d’attente qui pouvait durer 3 à 5 ans, et ce même si on avait l’argent nécessaire.!
  • Dès l’école maternelle les programmes scolaires distillaient les préceptes du parti et endoctrinaient avec un culte de la personnalité pour Ceausescu. (Donc pour revenir au parallèle chronologique avec nous, quand nous on apprenait à chanter « une souris verte », les roumains de notre âge apprenaient à réciter des louanges sur Ceausescu ). L’Histoire enseignée à l’école à été également « modifiée » à la gloire du pays.

🤔🤔Comment se défaire de ce qu’on nous a ancré si jeune si profondément, et est-ce réellement possible de penser (facilement) autrement, de retrouver un libre arbitre?😔😔

  • La politique nataliste de Ceausescu, obsédé par cet objectif, indéfiniment rabâché dans ses discours : « 20 000 000 de Roumains en l’an 2000 ! » et qui pour l’atteindre, avait interdit l’avortement et la contraception, et institué une taxe supplémentaire à toute famille de moins de cinq enfants Cette politique a généré en réalité un nombre important d’abandons à la naissance ou plus tard, à quelques années. En effet, les gens ne pouvaient faire face à la pauvreté et à toutes les difficultés du quotidien. Tous ces enfants ont été placés dans des orphelinats découverts après la chute du régime, qui ont choqués le monde. Les enfants étaient traités comme des animaux, maltraités, mal nourris, non soignés, à plusieurs dans des lits, sans vêtements, sans chauffage, sans hygiène, sans aucun contact ou stimulation avec des adultes : l’horreur totale.
  • Il existait une police du parti, la « Securitate », qui surveillait tout et tout le monde et qui prônait la délation.
  • Ceux qui n’obéissaient pas aux règles du parti, disaient quelque chose contre ou avait un comportement équivoque était arrêtés, emprisonnés, torturés … et ne revenait souvent jamais chez eux.😨 La liste des tortures appliquées fait froid dans le dos.

Nous ne traduisons pas la photo ci-contre car nous savons que des enfants lisent ce blog et ne voulons pas les choquer avec les atrocités faites aux opposants suspectés au régime. Nous laissons les adultes décider s’ils veulent leur expliquer à quel point l’être humain peut être cruel avec un autre être humain…😨😢

Ils utilisaient également une méthode de lavage de cerveau envers les intellectuels et scientifiques notamment, afin de les faire adhérer aux idées voulues, basée sur le fait d’obliger à torturer ses proches (par la torture infligée en cas de refus bien évidemment 😰)

  • La monnaie a été changée plusieurs fois, du jour au lendemain, avec un montant maximum à échanger possible dans la nouvelle monnaie. Donc les gens perdaient du jour au lendemain toutes leurs économies. Cela permettait notamment d’éviter que certaines personnes s’enrichissent personnellement et dans le dos du Parti.
  • La télévision ne fonctionnait que de 14h à 16h puis de 20h à 22h, avec des émissions principalement de propagande. Et avec un peu de chance, on pouvait espérer 10 minutes de dessins animés en soirée après un discours de Ceausescu.
  • La radio était elle aussi censurée. Par exemple le rock n’était pas autorisé car il reflétait un esprit contestataire et risquait de rassembler les jeunes qui pourraient s’opposer ensemble.
  • Les entreprises ont été confisquées par le parti, les chef d’entreprise mis à la porte, emprisonnés, tués. Et le parti mettait à la direction des entreprises qui il voulait…
  • Le gouvernement de Ceausescu dépensait sans compter pour montrer au monde la réussite de son parti, avec faste alors que les gens avait faim et froid.

Le palais du parlement

Il est difficile encore une fois de trouver les mots justes pour qualifier cet édifice.

  • Enorme, gigantesque, titanesque.
  • Richissime, merveilleux, grandiose.
  • Démesuré, scandaleux, honteux.

2ème plus grand bâtiment administratif au monde après le Pentagone, il mesure environ 200 m sur 200m, pour une superficie intérieure de 350 000m2. 11 étages en surface et 8 niveaux de sous-sol, 1 100 pièces.

Outre le Palais du Parlement qui devait habiter sa résidence, ses ministres et les fonctions d’états, il a également fait construite d’immenses bâtiment face au Palais pour y loger les hauts fonctionnaires d’états ainsi qu’une avenue plus large que les Champs Elysées.

Ceausescu voulait un palais qui éblouirait le monde et montrerait la réussite de son parti. Il voulait qu’il soit construit uniquement avec des matériaux luxueux provenant exclusivement de Roumanie (sa visite au dictateur nord-coréen l’avait ébloui et il voulait reproduire son gigantisme).

La construction du palais a mobilisé 600 architectes et 20 000 ouvriers (dont des prisonniers) qui travaillaient sur le chantier jour et nuit.

Il a utilisé : un million de mètres cubes de marbre (toutes les surfaces des sols et murs sont en marbre dans le palais), 3 500 tonnes de cristal (pour construire tous les lustres dont le plus lourd pèse 4 tonnes), 700 000 tonnes d’acier et de bronze, 900 000 mètres cubes de bois et 200 000 mètres carrés de tapis et moquette.

Le projet aura coûté jusqu’à 40% du PIB du pays annuel pendant sa construction, alors qu’à ses pieds la population mourrait de faim et de froid.

Pour cette construction, Ceausescu a d’abord fait raser 20% de la veille ville de Bucarest, y compris des bâtiments religieux historiques entre autres. Et il a donc expulsé sans scrupules 40 000 personnes de leur logement en les relogeant dans des immeubles parfois insalubres car non terminés.

A la chute du régime, la population était partagée entre tout raser, ou garder comme trace de ce qu’ils ne voulaient plus.

La visite vaut vraiment le coup. Difficile de dire « Wahou » devant cet extraordinaire et éblouissant palais, quand on connaît son histoire. Pourtant nous sommes obligés de dire que c’est un bâtiment absolument incroyable, magnifique dans toutes ses pièces, plus richement décorées les unes que les autres, dans des styles parfois vraiment différents. Grandiose mais écœurant.

Aujourd’hui le Palais du Parlement est utilisé par l’assemblée nationale et le sénat et différentes autres utilités du gouvernement. Les grandes salles peuvent être louées pour différentes occasions : séminaires, mariages, … mais l’entretien coûte très cher vue la taille du bâtiment. Les visites en couvrent une partie et permettent en même temps d’informer les visiteurs sur la réalité de ce bâtiment  extraordinaire, l’horrible derrière le visible.


Dans la ville

La louve de Rome

La louve, cadeau de Rome à la ville

La brasserie Care Cu Bere

Auberge traditionnelle roumaine située en plein centre ville dans les rues piétonnes, à l’architecture remarquable avec murs en lambris, vitraux et comptoir superbe. Il paraît qu’ils font très bien le plat traditionnel « mici cu mustar » (saucisses roumaines grillées)

Auberge typique Hanu’ lui Manuc

Située en plein centre également, cette auberge se trouve dans un bâtiment classé monument historique, formant une cour carrée. Hanul lui est un témoin précieux de l’architecture et de la culture des Balkans du début du 19ème siècle. Sa cour intérieure, ses arcades et ses balcons en bois sculpté reflètent un style architectural unique qui attire les amateurs d’histoire et d’art. Elle a échappé à la destruction de Ceausescu qui ne trouvait pas le bâtiment assez communiste. Il a donc construit juste à côté un immeuble gris et moche, comme tous les autres…

C’est aujourd’hui restée une auberge qui propose des plats roumains dans une ambiance folklorique avec chants et danses.

Églises

Nombreuses dans la ville, elles sont souvent belles, d’extérieur comme d’intérieur avec les peintures murales typiques des églises orthodoxes. En voici quelques unes en photos :

Place de la révolution et monument de la libération

C’est sur cette place depuis le grand bâtiment ancien qui était le comité central du parti communiste que Ceausescu a fait son dernier discours le 21 décembre 1989. Face à la population en rage, il a dû interrompre son discours et s’enfuir en hélicoptère depuis le toit, pendant que les policiers tiraient sur la foule faisant des dizaines de morts.

21 décembre 1989 dernier discours de Nicolae Ceausescu

Le monument pointu est le monument de la libération leur rendant hommage. (Il est controversé, on n’a pas trop compris ses symboliques, …)

Quartier chic : avenue de la Victoire

C’est un quartier aux allures de « petit Paris », surnom qu’on donne d’ailleurs à la ville. L’ambiance y est chic et branchée.

Vieille ville : quartier Lipscani

C’est un quartier piéton, agréable et vivant, surtout intéressant pour ses bars et restaurants. (Rappelons que la « plus vieille ville » a été rasée par Ceausescu).

Bonnes adresses

« Luca »

C’est une chaine de boulangeries qui a plusieurs boutiques dans la ville (ainsi que d’autres villes roumaines), où l’on peut acheter pour moins de 1 euro les « Covrigi  » , petits pains au fromage typiques et d’autres en cas à emporter.❤️

« Vatra »

Auberge traditionnelle ne servant que des plats typiques, pour un prix raisonnable. Nous avons goûté 2 plats aux noms impossibles à vous redonner😂

Les desserts sont top❤️ (conseillés par notre guide, originaire de Bucarest et qui ne jure pourtant que par la cuisine de sa Môman).

Anecdote

Nous sommes en Roumanie pendant une période politiquement instable : les élections présidentielles ont eu lieu il y a 3 mois, en novembre 2024. Le candidat élu, Călin Georgescu,  d’extrême droite et prorusse a été accusé de plusieurs choses dont manipulation, qui ont conduit la cour constitutionnelle de Roumanie à annuler son élection et à en reprogrammer d’autres en mai 2025. Ce 9 mars 2025 a été décidé qu’il ne pourrait pas participer à ce second scrutin car trop d’accusations à son égard sont en cours. Il y avait donc une manifestation à Bucarest de ses partisans réclamant la reconnaissance de son élection, et en tous cas son droit à se représenter.  Nous y avons assistée depuis la terrasse où nous buvions un verre😜, et avons pu constater qu’elle était bien moins importante que ne le laisse entendre la presse … (on nous manipulerait ?😉) 

Direction maintenant les grands espaces et les Carpates pour la suite du voyage en Roumanie !

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Hongrie - Viiivre !
5 mois il y a

[…] notre article Roumanie(1) : Bucarest et notre article Roumanie(2) : quelle aventure […]

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Roumanie (2) : quelle aventure ! - Viiivre !
5 mois il y a

[…] avoir quitté la capitale Bucarest (voir notre article : Roumanie (1) : Bucarest) nous avons pris la direction de la région de la Transylvanie, région qui abrite les montagnes […]

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